Pour ce premier vrai billet du blog, j'ai décidé de faire une critique sur un reportage télévisé diffusé hier soir par M6 dans l'émission Zone Interdite diffusée sur les dangers d'Internet. J'avoue que dès l'annonce du sujet, j'ai eu peur d'un reportage uniquement anxiogène et à charge contre le grand méchant média réalisé par la gentille télévision. Disons le tout de suite, j'ai toujours cette impression mais nuancée par moment.
Qu'Internet soit porteur de dangers est évident, mais je dirais comme tout espace commun. Dès que l'on dispose d'un lieu où la communauté peut se recontrer, il y aura toujours un pourcentage (non majoritaire) qui cherchera le moyen de tirer profit des autres en violant les lois. Car disons le tout de suite, non Internet n'est pas cette zone de non-droit tant décriée, les lois s'y appliquent même si des problèmes de frontières existent (ce sont d'ailleurs un peu les même problèmes pour l'optimisation fiscale qui elle n'a pas besoin d'Internet pour exister). Mais revenons au sujet, le reportage commence par le piratage d'une connexion Wifi d'une maison où le pirate s'introduit sur la box d'une famille puis va allumer les caméra de surveillance, allumer le micro du téléphone portable pour écouter les conversations, bref un viol complet de l'intimité de cette famille. D'entrée, on est dans l'extrême anxiété dont j'avais peur, j'imagine le nombre de foyers qui ont éteint leur WIFI à la vue de cette introduction. On apprendra à la fin du sujet que la famille avait donné son accord pour l'expérience. En revanche, pas un mot sur les moyens pour sécuriser son WIFI (vérifier que le mot de passe est en place avec un bon niveau de sécurité, potentiellement activer le filtrage MAC). Il n'y a pas de solution miracle certes mais c'est comme pour les cambriolages : si votre serrure est suffisamment forte, le voleur va chercher une cible plus facile. Donc là, j'ai peur pour la suite la soirée, je vais me prendre du pop-corn.
Et là, on enchaine sur une vraie bonne séquence (qui doit d'ailleurs occuper environ la moitié du reportage) d'abord sur les adolescents et les réseaux sociaux puis sur les arnaques (à l'amour et fishing). Et là, j'avoue que j'ai trouvé le sujet bien abordé. En effet, on parle de la responsabilité des personnes qui étalent leur vie privée sur les réseaux sociaux (alors qu'ils ne diraient pas la moitié de ce qu'ils y racontent dans la rue), des ados qui se déchainent sur Ask sans avoir conscience du mal qu'ils peuvent faire, de la détresse de ces mêmes ados pouvant les mener au suicide et de parents qui essayent de suivre et de les accompagner. Et c'est là le coeur du problème, car c'est bien aux parents d'éduquer leurs enfants sur leurs actes, même numériques. Les parents ne doivent pas abandonner leur rôle sous prétexte que c'est numérique. Le cas du père de famille qui a expliqué à sa fille qu'avant de mettre une photo sur le net, il fallait qu'il la voit et la valide est un très bon exemple. Par le dialogue et l'apprentissage, celle-ci est sensibilisée et apprend à ne pas faire n'importe quoi. Bon, suite à cela on bascule dans la paranoïa totale du père qui a mis des mouchards partout et là je n'adhère plus, je trouve même que le message s'en retrouve biaisé. Bon, passons sur le copain jaloux qui espionne sa copine depuis des années, on reste dans l'extrême. Le reportage sur l'escroquerie à l'amour était un peu dans la même veine, plutôt bien fait.
Ensuite, on a un reportage sur le hacking, le vrai, celui qui consiste à entrer dans un système mais on l'aborde par le prisme des White hats, ce que j'ai apprécié d'ailleurs car un peu original pour le coup. Là aussi, un bon reportage bien dosé sur les aspects sécurité des sites.
Petite cerise sur le gâteau, un reportage sur les nouvelles cartes bleues équipées de la technologie NFC (paiement sans contact et sans code pour des achats de moins de 20€). Bon, ok c'est un vrai soucis côté sécurité et c'est lié à une nouvelle technologie, mais ce n'est pas lié à Internet. Je suis cependant d'accord sur le constat du risque induit par ces nouvelles cartes que les banques imposent plus ou moins au moment du renouvellement. Néanmoins, on rebascule rapidement dans la psychose anti-Internet grâce au mot Darknet (ils avaient pourtant réussi à ne pas le dire jusqu'ici, j'avoue y avoir cru un moment). Alors oui, il existe des zones sous les radars sur le net, je ne vais pas le nier, mais il a fallu remettre une petite couche sur le réseau Tor via une capture d'image rapide en disant que c'était là qu'on trouvait de tout : armes, CB, médicaments... On stigmatise encore l'outil plutôt que le commanditaire.
En conclusion, la présentatrice nous demande si "ce reportage nous a permis de mieux comprendre les risques et les moyens de les prévenir". Et bien NON ! Aucune parade technique n'est abordée, aucun conseil pour sécuriser sa box wifi (et pourtant avec HADOPI on est tenu de mettre en place cette sécurisation). Seul l'aspect prise de conscience est abordée (au moins et déjà très utile). Par contre, la menace sur nos libertés induite par la dernière loi anti-terroriste ou bien sur la surveillance globale dénoncée par Edward Snowden où au final ne sont pas abordées. Pourtant, nos données sont toutes aussi hackées que par des pirates mais par nos gouvernements.