Critique - Cosplay (Adamas maître du jeu) cover image

Bonjour à tous, aujourd'hui je m'essaye à un autre type d'article sur ce blog quelque peu pauvre en contenu je dois bien l'avouer : la critique littéraire. Attention! Bien que le mot critique soit ici employé, c'est plus un avis totalement personnel d'un non littéraire qui sera exposé ici.

Et pour ceux qui se poseront la question, ce n'est pas un contenu sponsorisé (en même temps c'est pas le trafic de ce site qui ferait la différence)

Donc, cette première critique porte sur le livre de Laurent Ladouari : Cosplay ou Adamas Maître du Jeu pour le titre en version poche (d'ailleurs si quelqu'un sait pourquoi ils ont changé le nom ça m'intéresse).
Critique garantie sans spoiler.

Le pitch

1T est une entreprise en fin de vie, il n'y a plus rien à sauver dans cette vieille gloire des micro-processeurs. Mais pourquoi donc Adamas l'achète-t-il donc? Cet homme a une réussite parfaite dans le monde des affaires bien qu'il soit honnis de ses pairs, autres multimilliardaires. Tous se demandent ce qu'il va bien pouvoir faire de ce boulet qu'est 1T, dépassée par son concurrent et qui n'innove plus. D'après ses propres dire, il veut même la détruire.

Katie quant à elle est une jeune diplômée de la Zone (nom donné à la région extérieure proche de la capitale). Le jour où Adamas annonce sa prise de contrôle sur 1T, elle doit s'y rendre pour un entretien d'embauche qu'elle a décroché de haute lutte. Katie y va tout de même, pour sa famille si fière d'elle et pour 1T car c'est là qu'a débuté la carrière de son idole, Nikola Proteus, inventeur de génie.

Adamas veut détruire 1T mais pour cela il va faire jouer les quelques 3000 employés de cette entreprise au Cosplay pendant 3 jours. Ce jeu où le tabou n'existe plus, où tout est permis, où chacun est libre caché derrière un masque. Que va-t-il sortir de ce jeu, de cet espace où chacun peut révéler sa véritable nature?

Mon avis

Bon, ne nous en cachons pas, j'ai dévoré le bouquin en moins de 3 jours, c'est prenant, très bien écrit (en tout cas ça se lit tout seul). Quand j'ai fermé ce livre, je me suis même dit "Mais si le Cosplay pouvait être mis au point, j'aurais voulu qu'il soit mis en place dans un de mes anciens jobs". Imaginez un lieu où chaque employé d'une société est libre, sans règle mais surtout anonyme. Que feriez-vous si vous aviez la possibilité de raconter ce que vous voulez, de faire savoir ce qu'il ne vous plait pas mais également ce qu'il vous plait. Oh bien sûr, la nature humaine étant ce qu'elle est et vu la société actuelle, les hostilités fuseraient, ça serait la curée. Mais après, une fois que le mauvais génie est sorti de sa lampe, qu'il a fait le grand ménage, il vous reste quoi? Nous ne sommes pas des animaux solitaires, nous préférons vivre en groupe et pour qu'un groupe vive ensemble, il faut qu'il ait un objectif, des règles, des limites. Si ces limites n'existent pas, allez-vous les écrire ou bien continuer à tout détruire? Le collectif l'emportera-t-il sur l'individu?

Toutes ces questions sont abordées dans la mise en scène du Cosplay. Bien que l'histoire se passe dans un futur moyennement éloigné, où Internet a explosé, où les grandes entreprises actuelles que sont Microsoft, Google et autres aient toutes disparues, le sujet pourrait se passer ici et maintenant. Petites magouilles dans la société, arriviste patenté, escroc, tyran, faveurs sexuelles, tout y passe dans ce petit microcosme, sorte de bouillon de culture de ce qu'il se fait de pire en terme de petits chefs carriéristes mais qui se fichent royalement que leur boite fabrique des micro-processeurs ou vendent des fruits. L'avantage d'avoir le Cosplay comme univers de jeu et de narration permet de décrire des comportements sociaux mais également les envies des personnages sans pour autant se plonger dans la tête de tel ou tel personnage. Ce sont leurs actions au sein du Cosplay qui servent à comprendre leurs motivations, leurs envies ou peurs. On y retrouve aussi comment une société tente de se structurer à partir du carnage.

Bien que certains personnages se révèlent plus ou moins conformes à ce qu'on peut attendre dès le départ, j'avais tout de même envie de savoir si j'avais vu juste. Pratiquement tous ont un caractère fort, voire caricatural par moment afin de grossir un peu le trait mais on peut s'identifier aux personnages qui évoluent dans cet univers.

Je pense que l'environnement, la Capitale, n'est pas obligatoire pour que le livre fonctionne, cette vision est une préfiguration ce que pourrait devenir notre société. Une guerre extra territoriale a eu lieu puis une insurrection civile (la Commune) ont changé le pays. Il y a à présent la Capitale, ville en pleine reconstruction mais minée par son oligarchie et cachée derrière son mur défensif, la Zone, bordure proche du Mur où les gens sont pauvres et marginalisés et l'extérieur qui est à peine effleuré. Le parallèle avec Paris, la banlieue et la province est tout trouvé. Mais les guerres et la Commune ont ici débouché sur un Etat totalitaire, représenté par le ministère des Libertés qui scrute tout ce qu'il se passe, qui peut écouter aux portes ou au téléphone, où Internet n'existe plus et où la diffusion de l'information est contrôlée. Si vous sentez un air de ressemblance ou d'anticipation avec une situation actuelle, c'est normal!

En conclusion

Histoire C'est assez original de se placer de cette façon dans le monde de l'entreprise et des relations humaines
Univers L'univers n'est pour le moment pas très immersif mais ça ne nuit pas au roman qui n'en a pas réellement besoin puisqu'on s'intéresse plus aux personnages
Personnages Une palette complète des relations humaines condensées en un seul lieu !
Ecriture J'ai dévoré le roman, on se retrouve plongé dedans à tourner les pages pour connaitre la suite. Mais attention, il faut quand même suivre un minimum.
Petite merveille !

J'attends la suite avec grande impatience à présent étant donné qu'il ne s'agit que de la première incursion dans le monde d'Adamas. La vision qu'a Laurent Ladouari de la Société me semble tellement juste, cynique mais réaliste, qu'on se retrouve par moment dans cette histoire. Foncez le commander, pour les plus fainéants, le lien direct sur Amazon. Par contre, dernière question qui n'a rien à voir avec ce livre, pourquoi la version epub coûte 6€ plus cher que la version poche, ça vous parait logique à vous?

Et merci à l'application Hook et l'équipe de Merci Alfred d'avoir mis en avant ce livre.